Tir Beursault
Le tir beursault est une manière traditionnelle de pratiquer le tir à l’arc dans un lieu spécifique nommé « jeu d’arc ». Cette coutume est essentiellement présente dans les régions Picardie et Ile-de-France. Son origine exacte est difficile à préciser. Comme de nombreux jeux traditionnels, une parenté indéniable avec les pratiques populaires du Moyen Âge peut être supposée.
La pratique se déroule dans un jeu d'arc dit aussi jeu beursault. (schéma ci-contre du jeu d'arc d'Avilly Saint Léonard)
Le tir beursault consiste pour les archers à tirer dans un « jeu d'arc » équipé de deux « buttes » de tir : la « butte d'attaque » et la « butte maîtresse ». Ces deux repères de tir sont éloignés de manière à pratiquer le tir réglementaire à une distance de 50 mètres. Les deux buttes sont équipées d’une ciblerie car on tire par « halte », c’est-à-dire un aller-retour. Le jeu d’arc se compose de deux ou trois allées : l’allée centrale, dite « allée du roi », ne peut être empruntée que lors de très rares occasions et dans des conditions précises, sous peine de faillir aux règles du tir.
Sur chaque butte se trouve une « carte beursault » , cible particulière n'ayant que peu évolué dans l'histoire. Cette carte, qui possède une signification symbolique, est uniquement utilisée dans le tir beursault et ne se trouve dans aucune autre tradition de tir à l'arc.
La symbolique inhérente à l’arc et à la flèche, aux accessoires, aux buttes, aux cartes ou encore à l'archer, semble exister en France au moins depuis le Moyen Âge, car des poèmes anciens en font état . Au XVIIIe siècle, un certain mysticisme faisant référence aux récits de la Passion du Christ s’est attaché à décrire le jardin d’arc, les dispositions de l’archer, le but à atteindre pour un tir droit et juste. Si cette symbolique chrétienne imprègne encore le déroulement du tir, le tir beursault a bien sûr évolué, tant en fonction des aspirations de ses pratiquants que des évolutions techniques du matériel de tir. Voici un exemple d’évolution dans la pratique :
- Depuis le XVIIe siècle jusqu'au milieu du XIXe siècle, la carte beursault est tenue en butte par cinq « broches » (clous coniques) : 4 dans les angles de la carte et une en son centre, la « maîtresse broche », cible de la carte. Tous les anciens règlements de tir mettent en avant ces broches car elles avaient une symbolique mystique forte : les premières broches représentaient les clous de la passion et la maîtresse broche la sainte Lance. Cette broche centrale empêchait de réaliser le coup parfait au centre de la carte, rappelant symboliquement à l’archer que la perfection n’est pas de ce monde. - A partir du milieu du XIXe siècle, une certaine forme de laïcisation de la pratique et la recherche constante de performance sportive conduit à abandonner la broche centrale, permettant aux archers d'atteindre un réel « coup de 0 » (centre parfait) de la carte. Ainsi apparu le « marmot », sorte de petite cible centrale superposée au-dessus de la carte, qui se substitue depuis à la broche maîtresse et se relève facilement pour calculer la distance entre l'impact de la flèche et le centre de la carte, au centième de millimètre près.
Lors de sa première flèche, le premier archer du peloton se positionne sur le pas de tir depuis la butte maîtresse et face à la butte d'attaque, à une distance de 50 mètres. Après avoir salué les autres archers présents : « Mesdames Messieurs, je vous salue », il arme et tire une flèche. Lorsque tous les archers ont tiré (après avoir salué les présents), ils se rendent par une allée parallèle dite «allée des chevaliers» jusqu'à la butte d'attaque. Ils récupèrent leurs flèches, se positionnent l'un après l'autre dans le même ordre à 50 mètres face à la butte maîtresse et tirent la même flèche. Ils ont alors tiré « une halte » (un aller-retour), c’est-à-dire deux flèches au total.
Il semblerait que les caractéristiques du tir beursault aient été adoptées pour plusieurs raisons, d’ordre essentiellement pratique : la distance de tir, qui est de 50 mètres, correspond à une distance pratique de tir au combat à l’arc ; le diamètre de la cible correspond à peu près à la largeur du bassin d’un homme ; et la hauteur entre le sol et le centre de la cible était de 80 cm, ce qui correspondait à la jointure de l’armure, point central et hémorragique au combat (la hauteur est aujourd’hui bien souvent relevée à un mètre).
Le terme de « beursault » est extrêmement difficile à dater étymologiquement. D’aucuns pensent qu’il s’agirait d’une traduction du mot latin « bersarii » désignant les officiers de vénerie du temps de l’empereur Charlemagne, sans que cela soit réellement attesté. Quoiqu’il en soit, l'existence du mot « beursault » (avec ses variantes anciennes : « bersail », « bersaud », « bersaux ») remonte de manière certaine au moins au début du XVIIe siècle1 . Entre cette date et le XVIIIe siècle, il signifiait à la fois « le but », « le blanc ou le noir du centre de la cible », la « butte de tir ». Le verbe « bersailler » ou « bersauder » signifiait quant à lui « viser ». Selon des versions répandues mais non attestées là encore, le terme de beursault proviendrait également des arbres du jardin d'arc taillés en « berceau » (en voûte), placés en deux colonnes en guise de garde et allant d'une butte à l'autre afin de retenir les flèches égarées. D’autres récits, un peu plus légendaires, citent la forme des douves entourant les châteaux médiévaux dans lesquelles les archers étaient censés s’entraîner en prévision de combats.
https://www.culture.gouv.fr/fr/Media/Thematiques/Patrimoine-culturel-immateriel/Files/Fiches-inventaire-du-PCI/Le-tir-beursault#:~:text=Le%20%C2%AB%20tir%20beursault%20%C2%BB%20est%20aussi,jeu%20de%20l'arc%20%C2%BB.&text=D%C3%A9crivez%20la%20ou%20les%20communaut%C3%A9,%C3%A9l%C3%A9ment%20du%20patrimoine%20culturel%20immat%C3%A9riel.